
Les paroles de la fillette, âgée de seulement 4 ans, étaient sans équivoque : «Papy, il a mis son sexe dans ma bouche. ».C’est par ces mots que Léa* a raconté à sa nounou ce qui venait de lui arriver. Le « papy » en question était le compagnon de la nourrice. Un an après les faits survenus à Coulommiers, le tribunal correctionnel de Meaux jugeait cet homme de 61 ans, pour agression sexuelle sur mineure. Il a écopé de quatre ans de prison ferme, avec mandat de dépôt. Un suivi socio-judiciaire a été prononcé et il sera inscrit au fichier des délinquants sexuels.
L’enfant n’assistait pas à l’audience. Sa maman a eu le courage de venir. Elle n’a pas voulu s’asseoir sur le banc des parties civiles, face au box des prévenus. Elle est restée au premier rang, recroquevillée. Son avocate, Me Laure Habeneck, se tenait près d’elle et ne l’a pas quittée quand elle s’est approchée du micro. Après une minute de silence, la maman a été prise d’un début de malaise.
Puis, elle est enfin parvenue à s’exprimer : « Léa ne supporte plus la présence d’un homme. Elle ne peut pas voir un petit garçon nu. Il y a plein de choses qui ont changé. Je ne comprends pas pourquoi il a fait ça, il connaît ma fille depuis qu’elle a trois mois. »
A l’audience, le prévenu, rouge et confus, a reconnu les agressions sexuelles. La présidente Isabelle Lemaire est revenue sur la triste journée : « Quand Léa a confié son secret à votre compagne, celle-ci a menacé de vous tuer si vous recommenciez. Et plus tard dans la soirée, elle vous a pris en flagrant délit lorsque vous vous faisiez faire une fellation. »
Francis avait son explication : « La petite venait me voir dans la salle de bain. » Selon lui, la fillette aimait bien le chatouiller. A l’évidence, le sexagénaire a oublié qu’il parle d’une enfant de quatre ans. La présidente l’a rappelé au prévenu : « Une enfant de quatre ans ne peut pas se défendre. » Me Laure Habeneck a décrit la souffrance endurée par la petite fille et sa mère : « Je préfère ne pas retenir les explications du prévenu. Je préfère me rappeler cette phrase de Léa, qui a dit à sa psychologue : Papy, il doit s’excuser. »
La substitute du procureur Laurence Aveline a requis une peine de six ans de prison ferme, avec mandat de dépôt, ainsi qu’un suivi socio-judiciaire : « Jusqu’où serait-il allé si Léa n’avait pas parlé ? Les désirs masculins ne sont pas forcément ingérables, Monsieur. Vous avez beaucoup de chance de ne pas vous retrouver devant une cour d’assises. »
L’avocate de la défense Me Stéphanie Thierry-Leufroy a évoqué la personnalité de son client : « Il est d’une intelligence faible. Quand il ne vous donne pas d’explication, il n’y a ni manipulation, ni machiavélisme. S’il ne se souvient pas bien, c’est parce qu’il était alcoolisé ce jour-là. S’il était dangereux, nous aurions d’autres victimes. Cette nounou gardait d’autres enfants. C’est un passage à l’acte isolé. S’il regarde ses chaussures depuis le début de l’audience, c’est parce qu’il a honte ».
* Le prénom a été modifié.