
Non, le devoir conjugal n’existe pas. Non, on ne peut pas imposer des objets érotiques à sa compagne. Et non, on ne peut pas croire qu’une femme qui pleure est consentante à un rapport sexuel. C’est ce qu’a compris Jean-Marc S., un père de famille de 40 ans, jugé lundi par le tribunal correctionnel de Meaux pour des violences aggravées et des agressions sexuelles contre sa compagne, commises en 2010 et 2011, à Serris. « Elle ne me disait pas non », a expliqué le prévenu, à la barre. « Et ça veut dire oui ? », a demandé la présidente Sylvie Bénichou.
« Je n’ai pas ressenti la contrainte. Nous sommes restés quatorze ans ensemble. On a toujours tout décidé ensemble. C’est vrai que pour avoir des rapports, il m’arrivait d’insister, mais seulement avec des paroles douces», a assuré Jean-Marc S., droit dans ses bottes, libre à la barre. Difficile à croire en écoutant la victime raconter son calvaire : « Quand je refusais, il me frappait. Après, j’ai arrêté de dire non, je n’avais pas le choix. C’est à partir de 2010 que ça a commencé, quand il a arrêté de travailler. Il a acheté des objets érotiques à mon insu. J’étais bête, naïve, sous son emprise. J’ai eu le déclic quand j’ai découvert qu’il avait posé des caméras dans la salle de bain et les toilettes. » Le visage rouge d’avoir pleuré, la jeune femme a tenu à lire une lettre à l’audience : « Cet homme m’a détruite. J’ai constamment peur. Je serai libre quand il ne le sera plus. »
L’avocate a retracé la journée type de la victime
Le jour où la victime est allée déposer plainte, elle avait reçu des coups de tournevis à la cuisse. « Faux, elle s’est piquée toute seule avec le tournevis », a rétorqué Jean-Marc S. Le prévenu était difficile à suivre. Il présentait ses excuses à son ex-compagneâ?¦ tout en ne reconnaissant rien : « Dire que je l’ai tout le temps forcée, c’est faux. »
L’avocate de la victime, Me Laure Habeneck, dans une émouvante plaidoirie, s’est mise dans la peau de sa cliente et a retracé une journée parmi tant d’autres, décrivant « les insultes, les coups, les viols, la honte ». Le procureur-adjoint, André Ribes, a requis deux ans de prison ferme, avec mandat de dépôt à la barre. Pas question pour lui de demander un sursis mise à l’épreuve et des soins : « On n’a pas besoin d’être soigné pour respecter les autres. »
L’avocat de la défense a tenté de persuader le tribunal que son client avait « compris, évolué » : « Il ne le refera plus. » Le prévenu a écopé de deux ans de prison, dont un ferme. Il a échappé à l’incarcération. Il est d’office inscrit au fichier des délinquants sexuels.